COMMUNIQUE
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La Fédération Nationale de la Libre Pensée, sur proposition de sa commission « Science », réunie en congrès du 10 au 13 juillet 2013, juge nécessaire de prendre fermement position contre l’institution par la direction du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) d’une mission « science citoyenne » dirigée par Marc Lipinski.
Notre réflexion rejoint celle de plusieurs associations philosophiques et scientifiques sur le caractère très pernicieux de cette initiative. Celle ci nous semble contraire à la nature même du CNRS, à la neutralité du service public, et à la liberté de la Recherche.
Marc Lipinski a été expressément choisi pour son expérience dans le domaine de la « science citoyenne », sur la base de son investissement dans le parti politique, Europe Ecologie Les Verts et de son action subséquente dans le PICRI (Partenariats Institutions-Citoyens pour la Recherche et l’innovation) d’Île de France, un dispositif très marqué par l’écologisme politique.
Nous n’attaquons ainsi, ni la compétence scientifique de Marc Lipinski comme chercheur, ni son droit inaliénable de s’investir en politique dans le parti de son choix, mais un mélange des genres institutionnalisé par le CNRS.
Nous récusons la notion même de « science citoyenne ». La science n’a besoin d’aucun adjectif à connotation sociale ou politique. On a pu dans le passé et dans d’autres pays, opposer la science bourgeoise à la science prolétarienne. Dans d’autres, on a connu la « promotion de la science aryenne ». D’autres encore, comme l’évêque de Rennes, ont pu évoquer « la manière chrétienne d’enseigner les mathématiques et la physique ».
Nous défendons quant à nous l’indépendance de la science.
Nous n’émettons aucune opinion, ni sur la « recherche action », ni sur la « recherche participative ». C’est à la communauté internationale des chercheurs de juger les publications qui en résultent. Mais la promotion de ces formes de recherche, en insistant sur la liaison avec la « société civile », relève d’une tentative de pilotage érigeant les associations et ONG regroupées sous ce terme en interlocuteurs officiels de la recherche et en les utilisant pour fabriquer frauduleusement l’adjectif « citoyen ». Les associations et ONG en question, construites sur des objectifs et intérêts particuliers, ne représentent en rien les citoyens dans leur ensemble. Elles ne représentent qu’elles mêmes.
Nous nous associons par conséquent aux autres organisations qui se sont exprimées en ce sens, en demandant à la direction du CNRS de renoncer à cette création.
Bourg-en-Bresse le 13 juillet 2013