Après le referendum sur le divorce à Malte
UNE INFORMATION DE L’ASSOCIATION HUMANISTE MALTAISE (MHA)
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Malte est l’unique nation d’Europe et l’un des deux pays du monde où le divorce n’a pas encore été légalisé. Cependant, cela devrait changer puisque lors du référendum organisé le 28 mai dernier, une majorité de l’électorat a demandé au Parlement de mettre en oeuvre une législation autorisant le divorce. Il reste néanmoins des pierres d’achoppement. Selon la loi Maltaise, le référendum n’a qu’une valeur consultative, la loi doit encore être débattue et adoptée par les députés. Nombre de parlementaires conservateurs ont déjà fait connaître leur intention de voter contre cette introduction du divorce dans la législation. A commencer par le Premier ministre de Malte, qui a fait prendre position à son parti, le parti Chrétien Démocrate contre toute évolution de la législation et a personnellement fait campagne pour le vote Non.
L’Eglise catholique romaine de Malte a aussi animé la campagne anti-divorce de ses vociférations. Malte est considéré comme le pays le plus catholique d’Europe et lors de sa visite sur place en 2010, le pape Benoît a pressé les Maltais de défendre l’indissolubilité du mariage. L’Eglise n’y est pas allée de main morte. Ses évêques et son clergé ont menacé les croyants pendant toute la campagne, mettant en avant les conséquences irréparables de leur vote et l’état de péché mortel dans lequel ils se mettraient en votant oui ou même en s’abstenant au référendum. L’Eglise romaine s’est aussi payée une dispendieuse campagne incluant grandes affiches, spots TV et littérature anti-divorce envoyée à tous les ménages du pays. En dépit de tout cela, les deux tiers de l’électorat maltais ont choisi d’ignorer les objurgations de l’Eglise.
Le résultat du référendum doit aussi être regardé comme une manifestation de la forte aspiration des Maltais à une plus grande séparation entre l’Eglise et l’Etat. Malte demeure un Etat confessionnel et la Constitution définit la religion catholique romaine comme religion d’Etat, et même, dans un autre article rend obligatoire l’éducation à la foi catholique dans les écoles publiques. D’autres lois donnent la préséance aux tribunaux ecclésiastiques spécialisés dans le mariage sur les tribunaux civils et le blasphème ou même les simples plaisanteries à propos de l’Eglise sont passibles de prison. Cependant les mouvements humanistes, laïques et athées commencent à faire ressentir leur présence dans l’île. Les Maltais attendent maintenant impatiemment le débat sur la loi, avec le ferme espoir que leurs députés feront leur devoir et suivront la volonté clairement exprimée par l’électorat.
02/06/2011.